Structures Alzheimer : les disparités territoriales persistent malgré leur développement
Une idée reçue est à nouveau battue en brèche par l’enquête nationale de la fondation Médéric Alzheimer auprès de 15 300 structures pour patients atteints par cette pathologie. Après un précédent en 2013, l’enquête, présentée fin août, rappelle l’opposition en 2017 entre les départements ruraux, globalement bien équipés et les départements plus urbanisés, en moyenne moins bien dotés en établissements et services destinés à ces patients.
Ainsi, la couronne parisienne et les grandes métropoles du Sud de l’Hexagone restent sous équipés par rapport à la moyenne nationale, en dépit d’une augmentation de 15 % des capacités d’accueil spécifiques dédiés aux patients Alzheimer et notamment les accueils de jour. Ce sous-équipement caractérise également le pourtour méditerranéen, qui comprend pourtant une forte proportion de population âgée de 75 ans et plus. Pour cette zone, la déficience concerne davantage les structures de diagnostic et d’hébergement, en dépit d’une hausse de 10 % du taux d’équipement global entre 2013 et 2017.
Plus proche de la moyenne nationale se trouvent les départements du Nord du pays (dans une large zone comprenant les villes de Rouen, Rennes, Lille, Nantes, Dijon, Orléans et Strasbourg), caractérisés par la jeunesse de leur population et leur densité de population supérieure à la moyenne. Ici aussi, le taux d’équipement a progressé de 15 % en quatre ans.
Et bien au-dessus de la moyenne nationale, le taux d’équipement de la zone majoritairement rurale du quart Sud-ouest de la France (42 départements) a progressé de 20 % pour ce qui concerne les accueils de jour et l’hébergement spécifique. Les structures de diagnostic et d’hébergement médicalisé ne progressent pas en nombre dans ce vaste territoire à tendance rurale.
Sans surprise, la ville de Paris présente un profil particulier marqué par un sous-équipement en termes de structures d’hébergement et un taux plus élevé que la moyenne nationale concernant les lieux de diagnostic et d’accueil de jour.
Dans sa lettre L’Observatoire d’août 2018, la fondation Médéric Alzheimer estime que « l’augmentation des moyens alloués, dont le déploiement est largement conditionné par le cadre décentralisé d’exercice des compétences en matière d’action sociale en direction des personnes âgées n’a pas contribué à une harmonisation des situations entre les départements ». Au terme de son analyse, la fondation reconnaît par ailleurs une difficulté à relier profils sociodémographiques des zones étudiées et leur niveau d’équipement.
Matthieu Vandendriessche, docteur en pharmacie
Compte tenu de leurs spécificités les régions ultramarines n’ont pas été incluses dans cette analyse.
Un territoire Paerpa dans chaque région
Seize territoires sont désormais inclus au dispositif Paerpa (parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d’autonomie), a annoncé Marisol Touraine, ministre de la Santé, jeudi 16 juin dans un communiqué.
De nouveaux territoires couverts concernent les régions Bretagne, Bourgogne, Corse, Normandie, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente et Provence-Alpes-Côte-d’azur.
Ils viennent s’ajouter aux extensions de territoires intervenues en avril notamment dans les Deux-Sèvres, en Corrèze, dans la Nièvre et à Paris.
Selon le ministère de la Santé, près de 550 000 personnes âgées sont concernées par ce dispositif qui s’étend désormais à toutes les régions de France métropolitaine.
Lancé par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013, le Paerpa était alors restreint à 9 territoires. Son objectif est de maintenir autant que possible les personnes âgées de plus de 75 ans à leur domicile en améliorant leurs prises en charge sociales et médicales et en renforçant la coordination entre acteurs de santé, du médico-social, l’Assurance maladie, les conseils départementaux…
Dans un communiqué en date du 25 avril dernier, l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS) avait annoncé son retrait du dispositif, estimant que « le modèle expérimenté dans neuf régions n’avait pas démontré sa pertinence en rapport coût-efficacité et ne correspondait ni aux besoins ni aux pratiques des professionnels de santé libéraux de terrain d’où leur non mobilisation pour participer à ce dispositif ».
L’UNPS avait appelé dans ce communiqué les professionnels de santé libéraux à rester en dehors du dispositif actuel, qui accorde selon elle une place trop importante à la plateforme territoire d’appui (PTA) pilotée par l’agence régionale de santé.
De plus, la somme de 100 euros versée par patient et partagée entre professionnels libéraux, par exemple dans le cadre d’une maison de santé pluridisciplinaire, est dérisoire, selon l’UNPS. Pour le pharmacien, il peut s’agir de la mise à disposition au patient d’un pilulier électronique.