Urgences (1/3) : ce qui différencie le patient âgé à l’admission
Avant d’aborder la gestion des urgences par le personnel des EHPAD et de la constitution d’une dotation d’urgence en établissement, il fallait s’intéresser dans ce premier volet aux particularités de l’admission des personnes âgées de 75 ans et plus en service d’urgence. Ceci d’autant plus que, comme l’a rappelé le médecin urgentiste Patrick Pelloux le 13 mars aux Assises nationales des EHPAD à Paris, les situations gériatriques génèrent plus de la moitié des appels au Samu, ce qui justifierait une formation spécifique à cette population dans le futur diplôme national de permanencier.
Dans une enquête* effectuée le même jour de juin 2013 sur 736 points d’accueil d’urgences, la DREES a établi le profil particulier que constituent les personnes âgées admises aux urgences.
Des motifs d’admission multiples
Les personnes âgées sont davantage inscrites que les plus jeunes dans le système de soins et ont souvent entrepris des démarches médicales dans les 24 heures précédant leur recours aux urgences (dont le médecin libéral peut être à l’origine). La traumatologie constitue le premier motif d’admission aux urgences des personnes âgées (25 %), mais cela reste moindre que pour les patients plus jeunes. Les motifs cardiovasculaires (17 %) et généraux (12 %), tels que fièvre, fatigue, altération de l’état général, les troubles gastroentérologiques, respiratoires ou neurologiques sont évidemment plus fréquents qu’en population générale.
De fait, aux urgences, les personnes âgées ont en moyenne un tiers d’examens complémentaires (biologie et radiologie) en plus, par rapport à la population générale, pour un pourcentage de diagnostics identiques. Dans cette catégorie, on observe aussi davantage d’actes de soin (pansements, points de suture, aérosols, immobilisation des membres), d’avis spécialisés ou de passages par la salle d’accueil des urgences vitales (SAUV).
Un temps de passage aux urgences plus long
Du fait de situations plus complexes, les personnes âgées séjournent davantage que les jeunes (dans environ 20 % des cas) en unité d’hospitalisation de courte durée (UHCD). Cette dernière fait partie intégrante du service d’urgence, permettant de réaliser les examens nécessaires et d’observer le patient avant de l’orienter vers un retour au domicile ou une hospitalisation.
Le temps de passage aux urgences des personnes âgées est bien plus long que celles des autres patients. Il se prolonge au-delà des huit heures pour le quart des patients. Les examens complémentaires et le séjour en UHCD rallongent en effet le temps de prise en charge.
Un recours plus fréquent à l’hospitalisation
A l’issue du passage aux urgences, plus de la moitié des patients âgés sont hospitalisés, quand près de 40 % sont de retour chez eux ou 5 % dans leur EHPAD. La probabilité d’hospitalisation à la sortie des urgences est 2,6 fois plus élevée que pour le reste de la population adulte. La majorité est orientée vers un service de médecine et pour 20 % en chirurgie, une très faible proportion étant admise en soins intensif ou en réanimation. Le délai entre la décision d’hospitalisation et l’obtention d’une place est supérieur à une heure pour le tiers des personnes âgées admises aux urgences.
Certains critères augmentent la probabilité d’être hospitalisé : le nombre d’examens complémentaires effectués et la nature des pathologies qui leur sont associées, le recours à un avis spécialisé, une atteinte cardiaque, digestive, neurologique ou respiratoire (plutôt qu’une lésion traumatique, moins fréquente) et son niveau de gravité, le fait de vivre seul au domicile, d’être âgé de 85 ans ou plus, l’arrivée en ambulance ou en taxi par rapport à un véhicule personnel. Enfin, la faible taille du point d’accueil des urgences ou le fait que ce point d’accueil se situe dans un établissement doté d’un service spécialisé de gériatrie augmentent la probabilité d’hospitalisation.
Applications :
- Solutions numériques et digitales dédiées à la prise en charge du patient âgé aux urgences.
- Organisation de l’admission aux urgences par les EHPAD.
*Les personnes âgées aux urgences : une patientèle au profil particulier. Etudes & résultats. Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Numéro 1007, mars 2017.
Par Matthieu Vandendriessche, docteur en pharmacie, conseil et formation en gérontologie
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Dans un communiqué en date du 22 avril, la société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) n’y va pas par quatre chemins : « Les soins qu’on apporte aux personnes âgées pendant leur séjour hospitalier peuvent être plus délétères que bénéfiques ».
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