Dans un communiqué en date du 22 avril, la société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) n’y va pas par quatre chemins : « Les soins qu’on apporte aux personnes âgées pendant leur séjour hospitalier peuvent être plus délétères que bénéfiques ».
La SFGG adresse ainsi une mise en garde aux gériatres, mais aussi à tout professionnel confronté aux patients âgés (cardiologues, chirurgiens orthopédiques, etc.) contre le risque de dépendance iatrogène qui menace les patients âgés du fait de cette mauvaise prise en charge hospitalière. Il s’agit de la perte de la capacité fonctionnelle d’un patient suite à son hospitalisation, du fait de la négligence et/ou des cadences de travail soutenu du personnel soignant : alitement injustifié d’une personne arrivée en ambulatoire, pas de mise au fauteuil, pas d’incitation à la marche, toilette et habillement systématiquement assistés à l’origine d’une dépendance, pose de sondes urinaires non requises ou de protections évitant de déplacer le patient aux toilettes… Au final, ce phénomène d’incapacité fonctionnelle que les patients âgés ont 60 fois plus de risque de développer que les autres est irréversible dans la moitié des cas !
« N’oublions pas que l’objectif principal, en tant que gériatre, est de permettre au patient âgé de rester indépendant à domicile (marcher, aller aux toilettes seul) le plus longtemps possible », rappelle la SFGG.
Aussi la société savante émet des recommandations, s’appuyant en premier lieu sur celles éditées par la Haute Autorité de santé (HAS). Elle demande aux hôpitaux de prévoir des interventions préventives de manière systématique pour les patients de plus de 70 ans (mobilisant médecins, IDE et aides-soignantes). Puis dans un second temps, des interventions spécifiques d’une équipe pluriprofessionnelle (avec au moins un kinésithérapeute et un ergothérapeute) doivent s’adresser aux patients qui présentent une dégradation dont l’origine peut être : immobilisation, confusion, dénutrition, chutes, incontinence urinaire, effets indésirables des médicaments. En dernier recours, face à ces difficultés, une équipe pluriprofessionnelle en gériatrie (gériatre, IDE spécialisée) intervient auprès du patient.
Une infographie de sensibilisation a été réalisée par la SFGG qui y rappelle également la nécessité du transfert d’informations entre la ville et l’hôpital, dans les deux sens, à l’entrée et à la sortie du patient.
Plus de 3 millions de personnes âgées de plus de 70 ans sont hospitalisées une ou plusieurs fois en services de soins aigus chaque année.
Matthieu Vandendriessche, docteur en pharmacie, journaliste
C’est pour cela qu’il serait vraiment temps de permettre le développement de la spécialité de gériatrie en ville en adoptant enfin (seulement 14 ans depuis sa création en France!) une nomenclature adaptée pour que ces gériatres libéraux puissent vivre correctement. C’est un formidable challenge de pouvoir prévenir, soutenir et maintenir un adulte âgé chez lui. J’ai eu la chance de pouvoir exercer en libéral pendant 10 ans et ce fut la plus belle partie de ma carrière. laissons aux jeunes gériatres et aux séniors cette chance….@anggel_dom
Dr Nicole Jacquin-Mourain