Fin de vie : bientôt une clause de conscience pour le pharmacien ?
Le pharmacien peut-il faire valoir une clause de conscience lorsqu’il doit délivrer un médicament susceptible d’intervenir dans le cadre de la fin de vie d’un patient ? Pas pour l’instant. Mais l’ordre des pharmaciens envisage cette possibilité. « J’ambitionne de faire bouger les lignes sur cette question difficile, indique Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre, dans un entretien au Moniteur des pharmacies daté du 11 octobre 2014. Il ne s’agit pas de laisser un patient sans soins pharmaceutiques mais de l’adresser à un confrère, si on ne veut pas, pour des raisons de conscience, le prendre en charge ».
Un désaccord avec le médecin
Il s’agit en particulier de l’exécution d’une ordonnance instaurant une sédation profonde jusqu’au décès, en phase terminale ou en cas de demande du patient lui-même. « Les pharmaciens sont de plus en plus amenés à travailler en coordination avec médecins et infirmières au domicile du patient, souligne Jean-Philippe Delsart, président de l’association française des pharmaciens catholiques (AFPC). Dans ce cadre, si un pharmacien constate qu’il y a des risques de dérapage, qu’un médecin veut accélérer le cours des choses, il doit bénéficier d’une objection de conscience et dire qu’il n’est pas d’accord pour délivrer tel ou tel médicament. » Ce droit de retrait, évoqué au nom de la morale personnelle ou pour des motifs religieux, se distinguerait du refus de délivrance auquel peuvent avoir recours les pharmaciens lorsqu’ils jugent une ordonnance litigieuse. Ils peuvent refuser la dispensation de médicaments, après échange avec le médecin et en le prévenant de cette décision, au motif du caractère dangereux de la prescription pour le patient.