Après leur désertion au plus fort de l’épidémie de covid-19, les patients chroniques font leur retour dans les consultations médicales. C’est le cas des patients atteints par un diabète qui peuvent avoir été perturbés dans leur traitement et leur rythme de vie. Réponses aux principales questions qui se posent encore à l’heure du déconfinement.
Les patients diabétiques sont-ils davantage touchés par le covid-19 ?
Les patients diabétiques n’ont pas de risques supérieurs d’être contaminés par le Sars-Cov-2 que le reste de la population. Cependant, ceux qui présentent un diabète non équilibré ou des complications sont susceptibles de développer des formes graves de covid-19 (1). Plus généralement, l’hyperglycémie, du fait notamment d’une modification de l’immunité, favorise les infections cutanées, osseuses ou pulmonaires, rappelle le Pr Bernard Bauduceau, endocrinologue (2). Les facteurs de comorbidité entrent également en ligne de compte. Une étude italienne a montré que 73 % des patients décédés du covid-19 souffraient d’hypertension artérielle et que 31,3 % étaient diabétiques (3). L’âge est également un facteur défavorable du fait de l’immunosénescence (2).
Le covid-19 est-il un facteur d’un déséquilibre du diabète ?
Comme toute infection intercurrente, le covid-19 peut provoquer un déséquilibre du diabète. Les patients doivent être attentifs aux signes de déstabilisation : augmentation des urines (diurèse), de la soif et perte de poids (1). « Une importante dégradation de l’équilibre glycémique associée à des symptômes pulmonaires chez un patient non connu pour diabète peut être une circonstance de découverte d’une infection covid-19 », précise le Pr Bauduceau. Hospitalisé pour infection sévère, le patient reçoit de fortes doses d’insuline, entre 200 et 300 U par 24 heures (2).
Quelle est la conduite à tenir par le patient pendant la période épidémique ?
Les traitements et l’autosurveillance glycémique sont rigoureusement maintenus. Les patients sous insuline doivent contrôler leur cétonurie. Même si le patient ne mange pas, il ne faut jamais suspendre les injections d’insuline lente ou l’administration par pompe à insuline afin d’éviter le risque d’acidocétose. Cette accumulation de corps cétoniques est liée à une carence profonde en insuline et survient rarement chez les diabétiques de type 2 (1). En règle générale, les patients doivent maintenir une alimentation structurée avec un apport en glucides pour éviter l’hypoglycémie iatrogène lié à l’administration d’insuline, de sulfamides hypoglycémiants ou de répaglinide. Attention à l’automédication sans l’avis d’un professionnel de santé en particulier avec des anti-inflammatoires, qui sont contre-indiqués en cas d’infection. « L’aspirine prescrite à faible dose comme anti-agrégant plaquettaire doit être maintenue », souligne le Pr Bauduceau (2).
Qu’en est-il de l’activité physique ?
Il faut pratiquer une activité physique régulière minimale. Celle-ci étant tout de même réduite pendant le confinement, les aliments riches en acides gras saturés sont limités (1).
Quels sont les signes qui doivent inciter à consulter un médecin ?
Patients et soignants doivent être attentifs aux signes de complications en présence de neuropathie et/ou d’artériopathie. En particulier, les plaies aux extrémités sont surveillées. Même si le suivi est effectué à l’hôpital, le médecin traitant est contacté en cas de symptômes inhabituels : fièvre, toux, fatigue, perte de goût ou d’odorat, diarrhée, difficulté à respirer, mal-être, etc. Les consultations sont menées y compris par le biais d’une téléconsultation. Des douleurs thoraciques, une syncope, une dyspnée, un déficit neurologique doivent conduire le patient à contacter le Samu centre 15 (1).
(2) Vidal Live. « Diabète de type 2 & covid-19. 29 avril 2020.
(3) Institut supérieur de la santé. Etude intégrant 6 801 patients décédés du covid-19. 26 mars 2020.