La population âgée saura-t-elle utiliser efficacement les objets connectés en santé à domicile ? La question est posée par le Pr Laurent Degos, ancien président de la Haute Autorité de santé (HAS) lors des 2èmes Rencontres de la santé à domicile organisées à Paris le 14 janvier 2015.
Selon lui, « avec la santé connectée, il faudra que le patient sache lire les compteurs, les interpréter et changer de traitement en fonction des résultats ». Aussi, si le patient n’est pas « éduqué », il lui faudra être assisté par un aidant, voire une infirmière ou un médecin. De manière générale, la population devrait suivre une éducation à la santé et aux soins dès la période scolaire.
« Quand j’étais à la HAS (entre 2005 et 2010), nous avons ouvert la possibilité de faire soi-même des tests à domicile pour surveiller et ajuster la prise d’anticoagulants dans le cas de parents d’enfants traités. Mais nous n’avons pas donné cette possibilité, contrairement à l’Allemagne et à d’autres pays, à tous les adultes sous anticoagulants », se souvient Laurent Degos.
Parmi les autres professionnels de santé, le pharmacien pourrait, selon l’ancien dirigeant de la HAS, prendre sa part dans l’évolution de la santé connectée. « Des sociétés développent de nouveaux outils d’analyse bactériologique pour le sang, l’urine, la salive… Il suffit juste d’introduire une cartouche dans une petite boîte. Le patient pourrait le faire lui-même à domicile en louant ce type de machines par exemple chez le pharmacien. Pas la peine d’aller dans un laboratoire d’analyses. Ce serait un peu comme pour les tests de grossesse. »
Et pour aller encore plus loin, en 2030, le patient sera certainement amené à se soigner lui-même à domicile. Et il pourra aussi dire « stop, je n’en peux plus, ce n’est pas à moi de le faire ! », estime Laurent Degos.