Les bilans de médication pour patients âgés, qui doivent être lancés en 2018, comprennent, passée la collecte des données, une deuxième phase : l’analyse pharmaceutique clinique.
Réalisée en l’absence du patient concerné, cette analyse des traitements doit « permettre dans un premier temps de vérifier les posologies et contre-indications de chacun des médicaments prescrits et administrés, sur la base des éléments en possession » du pharmacien, spécifie l’annexe à l’avenant n°12 à la convention pharmaceutique (à paraître prochainement au Journal officiel).
Préconisations de changement de traitement
« Dans un second temps, votre logiciel métier vous permettra de vérifier toutes les interactions médicamenteuses en indiquant tous les médicaments que prend le patient, prescrits ou non », complète le projet d’avenant à l’attention des pharmaciens. Au vu de ces éléments, le bilan entrera dans une phase de préconisation de changements « avec notamment des modifications de forme galénique, une alerte sur la rupture de consommations de certains médicaments, une mauvaise observance, la survenue d’effets indésirables… ».
Une fiche de transmission sera alors adressée au médecin traitant, de manière sécurisée, « aux fins d’obtenir l’avis de ce dernier sur les recommandations susceptibles d’impacter ses prescriptions », complète le document conventionnel, pas encore applicable mais déjà signé par l’Assurance maladie et les deux syndicats de pharmaciens titulaires.
Détecter des prescriptions inappropriées
Si ce document évoque clairement la nécessité d’un travail interprofessionnel constructif, il n’aborde pas une notion essentielle qui devra figurer sur la fiche de transmission évoquée et faire partie d’éventuels échanges avec les prescripteurs : la mise au jour de prescriptions potentiellement inappropriées (PPI). Elle s’appuie sur les critères dits de Beers, Laroche ou Stopp/start. Ces différentes listes sont disparates au plan de leur présentation mais se rejoignent dans leurs grandes lignes, par exemple sur la nécessité d’éliminer des médicaments aux effets anticholinergiques des prescriptions.
Pour la Société française de pharmacie clinique (SFPC), dans sa toute récente fiche mémo, il s’agit de mettre en évidence des sur-prescriptions (overuse), des mésusages (misuse) ou des sous-prescriptions (underuse, dans le cas où une indication médicale ne serait pas prise en charge alors que des médicaments existent). La « mission » va donc bien au-delà de la simple consultation d’effets indésirables sur un logiciel métier ! Au terme du bilan, les pharmaciens devront proposer des pistes d’optimisation thérapeutique pour remédier à ces PPI, notamment des adaptations de posologie, un ajout ou un arrêt de traitement.
« A défaut d’une transmission des propositions d’optimisation thérapeutique au médecin, le bilan n’aura qu’une faible plus-value et un impact sur la réduction de l’iatrogénie faible », pointe la SFPC. Pour les pharmaciens, une double révolution : formaliser une analyse en profondeur des prescriptions et évoquer avec un médecin ses choix thérapeutiques pour mieux en comprendre le cheminement et éventuellement participer à leur remise en cause.
Matthieu Vandendriessche, docteur en pharmacie, journaliste