Troisième étape des bilans de médication pour patients âgés qui vont se déployer en 2018, la transmission du travail pharmaceutique au médecin traitant et par conséquent une éventuelle réévaluation des traitements.
En effet, après la collecte puis l’analyse des données concernant le patient, le pharmacien a pour mission, dans le cadre de ces nouveaux bilans de médication, de mettre son analyse à disposition du médecin traitant. En pratique, un document de recueil électronique permettant une saisie uniforme des données devra être utilisé.
« Ses conclusion et recommandations devront être transmises au médecin traitant si cela est possible par messagerie sécurisée de santé », indique l’annexe à l’avenant conventionnel sur les bilans de médication déjà paraphé par l’Assurance maladie et les syndicats de pharmaciens, mais pas encore rendu applicable par une parution au Journal officiel.
Communiquer de manière sécurisée
Idéalement, cette transmission s’effectue donc par le biais de messageries sécurisées, encore peu développées à ce jour. Dans l’attente, les documents peuvent être transmis par voie postale, au même titre que les données biologiques en provenance d’un laboratoire d’analyses médicales. De même, le texte conventionnel prévoit un enregistrement de l’analyse pharmaceutique dans le dossier médical partagé (DMP). Rappelons que ce dernier, encore en développement, est un outil de consultation et d’échanges de données mais ne constitue pas une messagerie sécurisée.
Le médecin prend connaissance du travail réalisé et évalue son intérêt. « Il apportera, ou non, des modifications thérapeutiques s’il les juge adaptées au contexte personnel du patient. Au besoin, le médecin traitant peut prendre avis auprès d’un spécialiste pour reconsidérer une stratégie thérapeutique », considère la Société française de pharmacie clinique (SFPC) dans sa fiche mémo diffusée en décembre. Le médecin traitant prend contact avec l’officine pour lui faire part de ses choix. Par ailleurs, une nouvelle prescription peut être établie lors d’une consultation.
Un entretien conseil en pharmacie
De retour à l’officine, le patient, qui peut être accompagné d’un aidant, bénéficie d’un « entretien conseil » avec le pharmacien, ce dernier lui faisant part des conclusions de l’analyse et de l’échange intervenu avec le médecin, indique la SFPC. L’occasion de délivrer au patient une « information orale et/ou écrite, claire, valide et adaptée concernant les traitements suivis », par le biais de fiches explicatives et de modes d’utilisation de médicaments et dispositifs médicaux. « Un plan de posologie, avec des conseils associés à chaque produit ainsi que des remarques spécifiques concernant les produits pris en sus des médicaments prescrits, sera remis au patient », précise le texte conventionnel.
Aller plus loin qu’une simple information
Dans son avis du 4 octobre sur les bilans de médication, la Haute Autorité de santé estime qu’il convient non seulement d’améliorer la connaissance du patient vis-à-vis de son traitement, mais également d’« adapter au mieux la thérapeutique du patient, en collaboration avec le médecin traitant », pour ce qui concerne la voie d’administration, la galénique ou encore la posologie. A cette occasion, une préparation des doses à administrer (pilulier ou sachets de prises) peut être réalisée, laissant penser à une parution imminente (au cours du premier trimestre 2018) d’un texte réglementaire sur les bonnes pratiques de fabrication de ces piluliers à l’officine.
Matthieu Vandendriessche, docteur en pharmacie, journaliste