Marisol Touraine a entamé depuis quelques semaines le bilan de son action comme ministre de la Santé pendant cinq ans sous le mandat de François Hollande. Et s’en sort parfois avec des pirouettes.
Aussi a-t-elle annoncé le 11 avril dans un communiqué que la question du déremboursement éventuel des médicaments symptomatiques de la maladie d’Alzheimer ne sera posée qu’après application de nouvelles mesures de prise en charge relative à cette pathologie. Autrement dit, elle laisse à son successeur le soin de prendre cette décision. Quelles sont ces mesures évoquées par Touraine ?
Basées sur le rapport de Michel Clanet, président du comité de suivi du plan de lutte contre les maladies neurodégénératives, elles comprennent une revalorisation de la consultation médicale consacrée aux patients. La consultation de médecine générale visant à informer les patients et à établir un traitement face à une maladie neurodégénérative passera ainsi à 60 euros à partir du 1er novembre 2017. « A cette même date, les médecins généralistes pourront réaliser jusqu’à trois visites longues chaque année au domicile des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, au tarif de 70 euros », indique le ministère de la Santé dans son communiqué. Par ailleurs, un programme de formation spécifique aux maladies neurodégénératives sera proposé aux professionnels de santé dans le cadre du développement professionnel continu (DPC).
Mais les revalorisations annoncées ne sont que la mise en œuvre de la convention médicale d’août 2016 ! C’est la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) qui le rappelle dans un communiqué le 12 avril, ajoutant que ce « joli tour de magie » évite à la ministre de trancher la question du déremboursement des médicaments anti-Alzheimer. La commission de la transparence, composante de la Haute Autorité de santé, avait pourtant jugé insuffisant en octobre 2016 le service médical rendu de ces médicaments.
Pour sa part, dans un communiqué en date du 18 avril, le syndicat MG-France cite le rapport Clanet : « Il n’y a toujours pas de preuve d’effet au-delà de 1 an de traitement. Les données observationnelles laissent penser que l’effet s’épuise ensuite rapidement. Si certains patients sont davantage répondeurs que d’autres à court terme, ils restent non repérables dans la pratique. Or, ces médicaments peuvent altérer la qualité de vie (effets digestifs et neuropsychiatriques) et/ou être à l’origine de complications parfois graves (syncopes, chutes, réactions cutanées sévères). Un impact négatif sur la mortalité reste possible chez certains patients. » La prescription de ces médicaments baisse de 31 % à 26 % des patients. C’est grâce à la prise de conscience des médecins généralistes, et cela malgré l’opposition des centres mémoires qui continuent de prescrire ces molécules, estime le syndicat.