La société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) a édité un Livre blanc sur la fragilité du sujet âgé qui sera diffusé à l’occasion de son 3ème congrès francophone sur l’évaluation de la fragilité du sujet âgé, organisé les 12 et 13 mars 2015 à Paris.
Dans ce document de référence de près de 200 pages qui couvre tous les aspects de cette problématique, un chapitre est intitulé « Fragilité et prescriptions médicamenteuses inappropriées ».
Ce document fait état des travaux menés au Gérontopôle de Toulouse. Une étude descriptive transversale a été menée auprès de patients admis en hôpital de jour et en situation de fragilité et de risque de dépendance entre janvier et avril 2014, à l’hôpital La Grave. Elle montre l’impact des prescriptions médicales potentiellement inappropriées chez ces patients, c’est-à-dire lorsque le rapport bénéfice/risque du médicament est défavorable.
L’analyse a porté sur les ordonnances de 229 patients. Le type d’intervention le plus fréquemment proposé par les pharmaciens hospitaliers spécialisés en gériatrie était la réévaluation d’indication de médicaments pour lequel l’indication n’était pas fondée, souligne le Livre blanc de la SFGG. Cette intervention concernait dans un tiers des cas la classe pharmacologique des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). « En effet, chez les sujets âgés, les IPP sont fréquemment prescrits au long cours, hors AMM et sans indication médicale valide », souligne le document.
Par ailleurs, la redondance pharmacologique la plus fréquente concernait la prescription concomitante de 2 diurétiques ou plus (pour 5,2 % des patients). Dans cette cohorte, 6 patients présentaient une contre-indication à l’usage d’un médicament et 3 au moins une interaction médicamenteuse majeure.
L’étude au Gérontopôle de Toulouse a montré qu’au moins une optimisation de l’ordonnance dans un but préventif et/ou de réversibilité de la fragilité était possible pour près de 71 % des patients. Actuellement, rappelle la SFGG, sans analyse pharmaceutique systématique, le tiers des patients hospitalisés à la plateforme Fragilité du CHU de Toulouse bénéficient de proposition de changement de prise en charge thérapeutique. En 2015, le centre hospitalier va évaluer l’intérêt d’une telle analyse au sein de cette plateforme. Des propositions d’optimisation thérapeutique seront transmises par courrier, après concertation avec les gériatres, aux médecins traitants. Ces derniers en tiendront-ils compte ? Une étude prospective permettra de l’évaluer.