C’est l’été et le plaisir retrouvé du temps de la lecture ! Laurence Grenier, ex-pharmacienne, est éprise de l’œuvre de Marcel Proust, « A la recherche du temps perdu », au point de pouvoir retrouver en quelques instants un passage évoquant la nature, la médecine ou la maladie… et les grands sujets de l’existence, comme toutes ces minuscules sensations qu’il nous reste à découvrir. Invitée du blog gerontofficine, elle livre aujourd’hui cette évocation de la beauté féminine en fuite extraite du Temps retrouvé :
Les femmes tâchaient à rester en contact avec ce qui avait été le plus individuel de leur charme, mais souvent la matière nouvelle de leur visage ne s’y prêtait plus. Les traits où s’était gravée sinon la jeunesse du moins la beauté ayant disparu chez la plupart d’entre elles, elles avaient alors cherché si, avec le visage qui leur restait, on ne pouvait s’en faire une autre. Déplaçant le centre, sinon de gravité du moins de perspective de leur visage, en composant les traits autour de lui suivant un autre caractère, elles commençaient à cinquante ans une nouvelle sorte de beauté, comme on prend sur le tard un nouveau métier, ou comme à une terre qui ne vaut plus rien pour la vigne on fait produire des betteraves (…).
Laurence Grenier est notamment l’auteur d’une édition abrégée de La Recherche (500 pages au lieu de 3 000 !). On peut la retrouver sur son blog proustpourtous